Gaïto Gazdanov
Gaïto Ivanovitch Gazdanov ( 1903-1971), né d’un père garde forestier ossète, est l’auteur de 9 romans (Une soirée chez Claire, Histoire d’un voyage, Chemins nocturnes, Le fantôme d’Alexandre Wolf, Le retour du Bouddha, Le réveil, Les pèlerins, Evelyne et ses amis) , de 37 récits, d’essais critiques. Il émigre de Russie à l’âge de 17 ans après avoir combattu un an dans l’armée de Wrangel, non par conviction (dans Une soirée chez Claire (1929), il déclare que si les Rouges s’étaient trouvés sur son chemin, il les aurait aussi bien rejoints, l’essentiel étant pour lui de tâter de la guerre). Il suit l’itinéraire habituel des émigrés : Gallipoli, Constantinople, la Bulgarie où il termine ses études secondaires, puis Paris. Il y sera débardeur, laveur de locomotives, mécanicien chez Citroen, enseignant de français et de russe, clochard. Surtout, plus de 25 ans durant (1928-58), il est taxi de nuit. Il raconte cette expérience dans un de ses plus beaux livres, Chemins nocturnes (1947). Ce n’est qu’après la parution du Fantôme d’Alexandre Wolf qu’il abandonnera ce métier. De 1953 à 1971, il travaille à Radio Liberté dont il devient le représentant à Paris. Dans les années trente, G. Gazdanov étudie l’histoire de la littérature, la philologie et la sociologie à la Sorbonne. Il rejoint la franc-maçonnerie sous l’influence d’Ossorguine, il y deviendra Grand Maître de la loge L’Etoile du nord. Dès 1942, il cache des juifs, participe activement à la Résistance avec sa femme Faïna Lamzaki, Grecque d’Odessa (Je m’engage à défendre, 1946).
Comme on le voit, G. Gazdanov a très peu vécu en Russie. Néanmoins, il fait partie des jeunes écrivains émigrés qui s’attachent à écrire en russe. La critique le considère comme l’un des plus prometteurs avec Sirine (Nabokov). C’est à Constantinople qu’il rédige son premier récit, L’hôtel du futur (1922), publié à Prague en 1926 dans la revue Volja Rossii .Il écrira dans les grandes revues de l’émigration, en particulier, dans Sovremennye Zapiski. Gazdanov s’inscrit dans la tradition de la littérature russe classique et de la littérature occidentale. On l’a rapproché de Kafka, Camus et Proust, qu’il n’a lus qu’après avoir écrit ses livres. En fait, il a surtout subi l‘influence de Chestov et de Berdiaev. Il s’agit d’un écrivain du courant de conscience qui se plaît à représenter la vie avec une certaine distance, à la saisir dans l’’instant et l’immédiateté, à mêler le réel et l’imaginaire. Son œuvre est essentiellement autobiographique et la Russie reste pour lui une source d’inspiration constante. Dans son œuvre, la représentation de la réalité, le sujet proprement dit, s’effacent devant l’appréhension subjective qu’en a l’auteur-narrateur. Ses récits dont beaucoup sont de véritables romans en miniature rendent compte des divers thèmes de son œuvre : Russie et révolution, vie des émigrés russes en France, sujets exclusivement français (comme son premier récit, L’hôtel du futur, étrangement écrit à Constantinople). Nous y trouvons le mélange de « choses vues » et de surréalisme, l’attention accrue portée aux fantasmes et à la vie intérieure, l’appréhension tragique de la vie qui font la musique inimitable de Gazdanov
A publié aux éditions Circé
• L'hôtel du futur |